Dans la vie pro comme dans la vie perso, nous rencontrons des imprévus. Être soutenu et patient, c’est certainement ce que mon citronnier m’expliquerait s’il pouvait parler…
Si mon citronnier pouvait parler, il me dirait comment il est né, comment il s’est formé. Déjà pépin et déjà impatient de voir son enveloppe coupée et pressée pour tenter de prendre sa liberté. Une liberté méritée et espérée mais dont la réussite était aussi conditionnée au temps passée à la préparer.
Si mon citronnier pouvait parler, il me dirait comment il s’est retrouvé planté là, dans ce terreau riche, fertile et prometteur. Il se voyait déjà pousser, se dépasser et atteindre des sommets. Tout était réuni, il n’y avait qu’à laisser passer les années.
Si mon citronnier pouvait parler, il me dirait qu’il s’est vite senti serré, engoncé dans ce premier pré carré. Tout est allé si bien, si vite qu’il a été surpris de ce qui lui était arrivé. Ses racines touchaient toutes les extrémités de l’espace qui lui était alloué.
Si mon citronnier pouvait parler, il me dirait qu’il a été repiqué dans un pot adapté à ses velléités. De la main d’un jardinier attentionné, il a pu de nouveau se déployer, l’horizon lui semblait illimité. Il allait pouvoir se montrer et se déployer plus qu’il n’avait pu rêver.
Si mon citronnier pouvait parler, il m’expliquerait ce qu’il n’a pas vu arriver. Une cochenille d’été s’est pointée. Petite, discrète mais aux conséquences à rapidement considérer. Au début, il l’a fait patienter puis l’a laissée se développer sans se soucier. La bête n’en était pas à son premier essai et sa stratégie aussi illuminée que rodée. Beaucoup d’énergie se trouvait détournée de mon citronnier et la colonie s’en trouva développée jusqu’au point de l’étouffer. Le tour était joué, l’expansion de mon citronnier scellée et le scénario plié. Mon citronnier voyait ses derniers jours arriver.
Si mon citronnier pouvait parler, il serait alors amusé de me raconter comment il s’en est tiré. Il a tout d’abord lutté mais sans succès. Il s’est alors replié au plus profond de lui jusqu’à totalement se retirer de toute visibilité. La cochenille n’ayant plus rien à croquer, s’en est allée.
Si mon citronnier pouvait parler, il me dirait qu’à ce moment il était quand même angoissé et stressé de se faire passer pour desséché. Plus de feuilles, de branches ni de vitalité. Beaucoup de jardiniers auraient abandonné mais c’était sans compter sur son dévoué allié. Bol d’air frais, terre remuée et toujours arrosée, mais juste assez, et tout était prêt. Restait du temps, de l’attention et le tour pouvait bien se (re)jouer.
Si mon citronnier pouvait parler, il vous dirait qu’en voyant tous ces efforts déployés pour l’accompagner, il avait plus que jamais envie de se redéployer. Sans renier ce qui lui était arrivé, il poussa sur les côtés deux nouvelles branches de part et d’autres du premier tronc tout desséché. Citronnier il restait, différent et finalement semblable au premier mais avec un petit supplément car il savait d’où il venait.
Si mon citronnier pouvait parler, il me raconterait peut-être l’histoire du jardinier qu’il a vu s’activer. Mais là n’est pas le sujet. Pourtant si on se permet de l’imaginer, il y a fort à parier qu’il y aurait beaucoup de similarités. Chacun a ce qu’il faut pour pousser et se déployer mais le chemin n’est pas tout tracé. Si on a la chance d’être entouré et accompagné, c’est plus facile d’y arriver.
Si mon citronnier pouvait parler, il aurait beaucoup de choses à raconter.
PS 1 : Lemon incest, un dernier titre de Gainsbourg qui accompagne le début de carrière de sa fille en chanson en s’inspirant de Chopin.
PS 2 : Renaud aurait pu aller planter des citronniers pendant sa ballade nord irlandaise mais ça sonnait moins bien.
PS 3 : si mon citronnier pouvait parler, il vous raconterait (aussi) qu’à côté de lui, il a vu mon bananier crever…